Sur les traces du philhellénisme

Sur les traces du philhellénisme

Présentation

Victor Hugo, Alphonse de Lamartine appartiennent aux poètes français et philhellènes qui ont exalté le combat des Grecs contre l’Empire ottoman et relaté en vers les événements qui ont marqué l’indépendance grecque. Les représentations picturales, en particulier Le Massacre de Chios et La Grèce sur les ruines de Missolonghi de Delacroix ont, elles aussi, contribué à diffuser auprès du public les désastres de la guerre d’indépendance.

Cet élan philhellène se nourrit des récits de voyage. En 1811, Chateaubriand publie son Itinéraire de Paris à Jérusalem, récit de son Grand Tour qui l’emmène, de 1806 à 1807, en Grèce, en Asie Mineure et en Palestine, avant son retour par l'Égypte, la Tunisie et l'Espagne. D’autres plumes ont participé à dépeindre la Grèce sous l’Empire ottomane comme Choiseul-Gouffier ou encore Pouqueville, dont les récits de voyage sont conservés dans la réserve de l’université de Caen. Philippe Jourdain, prend part à la guerre d’indépendance avant l’intervention des pays européens dans le conflit.

Pouqueville comme Jourdain font figurer dans leurs relations de voyage des cartes de Tripolizza (actuelle Tripoli), localité du centre du Péloponnèse, au carrefour des antiques Tégée, Mantinée et Pallantion. Place-forte de Morée, Tripolizza joue un rôle important au cours de la guerre d’indépendance : après six mois de siège, la prise de Tripolizza en 1821 marque l’une des premières victoires grecques.

Plan du siège de Tripolitza par les Grecs, 1821

Le mouvement philhellène conduit le gouvernement de Charles X et Villèle à intervenir dans la guerre d’indépendance en envoyant, en 1828, une expédition en Morée aux côtés des Grecs. Le corps expéditionnaire français est accompagné par une mission scientifique, qui documente avec soin les paysages archéologiques, artistiques et physiques. L’exemplaire présenté recense la reproduction de sculptures, d’inscriptions et de vues de trois régions grecques : le Péloponnèse, les Cyclades et l’Attique.

Exploration

En 1949, Paul Eluard publie Grèce ma rose de raison, recueil dédié au peuple grec alors plongé dans la guerre civile. Au cours de son voyage en Grèce en 1946, Eluard découvre les grands textes de l’hellénisme contemporain. Aux poèmes de Byron répondent ceux d’Eluard, Yannopoulos et Astéris, poètes et partisans grecs tous deux condamnés à mort, traduits par la romancière Melo Axioti.

« Plan de la plaine de Tripolitza » dans Voyage en Morée, à Constantinople, en Albanie..., F.C.H.L. Pouqueville, Paris, Gabon, 1805

Bibliographie

  • Arnoux-Farnoux Lucile, « Relations intellectuelles et artistiques entre la France et la Grèce au XXe siècle : l’action de deux philhellènes, Octave Merlier (1897-1976) et Roger Milliex (1913-2006) », Rives méditerranéennes, 15 juin 2015, n°50, p. 53‑64.

  • Barau Denys, « Médiatisation de la guerre d’indépendance grecque et mouvement philhellène », Le Temps des médias, 2019, n°33, n°2, p. 20.

  • Barbier Frédéric, Le rêve grec de monsieur de Choiseul : les voyages d’un Européen des Lumières, Paris, Armand Colin, 2010.

  • Caron Jean-Claude et Vernus Michel, « Chapitre 7. La question d’Orient et les Balkans de 1815 à 1914. Nationalités, minorités et modèles nationaux », L’Europe au 19e siècle. Des nations aux nationalismes (1815-1914), Paris, Armand Colin, 2019, p. 219‑259.

  • Clément Jean-Paul, « XI. De Villèle à Martignac » dans Charles X, Paris, Perrin, 2015, p. 303‑329.

  • Delorme Olivier, « Chapitre VII. Makriyannis et la révolution grecque (1821-1827) », La Grèce et les Balkans, Paris, Gallimard, 2014, p. 258‑314.

  • Mazurel Hervé, « Nous sommes tous des Grecs » : le moment philhellène de l’Occident romantique, 1821-1830 », Monde(s), 2012, vol. 1, n°1, p. 71.

  • Tsagkaraki Anastasie, « Les Philhellènes français dans la lutte pour l’indépendance grecque (1821-1831) », Revue Historique des Armées, 2 janvier 2016, n°283, n°2, p. 93‑114.

  • Tsatsakou Athanasia, La Grèce comme espace-temps chez Paul Eluard, Paris, L’Harmattan, 2000.